Parler Latin Pour Classer La Nature – l’héritage de Linné

Auteur : Philippe Cibois

Extrait…

« Pour beaucoup comme Pascal, le latin est une langue scientifique avec laquelle on a l’habitude de traiter certains types de questions. Par exemple dans sa Lettre à Fermat (1654), Pascal commence en français puis poursuit en latin (que je sous-titre) :


Monsieur,
L’impatience me prend aussi bien qu’à vous et, quoique je sois encore au lit, je ne puis m’empêcher de vous dire que je reçus hier au soir […] votre lettre sur les partis [les paris], que j’admire si fort que ne puis vous le dire. [il commence son raisonnement en français puis le reprend en latin]


Par exemple, et je vous le dirai en latin, car le français n’y vaut rien :
Si quotlibet literrarum, verbi gratia octo :
Si d’autant de lettres qu’on voudra, par exemple, huit
A, B, C, D, E, F, G H,
summmantur omnes combinationes quaternarii…
on prend toutes les combinaisons par quatre…

 

Pascal exprime bien sa pensée en français (car auparavant il avait commencé son raisonnement sur les combinaisons de lettres en cette langue), mais il est plus à l’aise en latin pour les questions scientifiques un peu techniques. »

 

Depuis que Linné a mis au point le système de nomenclature binomiale pour les règnes animal et végétal – en deux mots l’espèce est distinguée de toutes les autres de son genre – le latin est utilisé de façon unanime par la communauté scientifique internationale. Une universalité qui influencera de nombreux autres domaines des sciences du vivant et de la nature dont la chimie et même la météorologie. Malgré les avatars des codes internationaux de nomenclature, le latin reste encore aujourd’hui la référence. Tout comme dans notre quotidien fait d’alter ego, decumulus et autres geraniumMême certains pourfendeurs de cette langue, dont Pierre Bourdieu n’ont pas hésité à parler d’habitus Entrez dans ce voyage inédit dans le temps avec Linné et une langue latine bien plus contemporaine qu’on ne voudrait le croire.


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