Une ethnologue au Jardin des Plantes – Dix petits terrains
Auteur : Bernadette LizetC’est en sortant de son bureau dont les fenêtres donnent sur la Ménagerie du Jardin des plantes de Paris que Bernadette Lizet commence ses enquêtes. Entre 1989 et 2014, dix « petits terrains » jalonnent vingt-cinq ans d’observations et d’analyses, menées seule ou en équipe. Grâce à une démarche et une méthode qui relèvent de l’ethnologie participante, elle propose une autre manière de considérer le Muséum, son jardin, son parc zoologique et les hommes qui en sont l’âme – jardiniers, soigneurs, chercheurs. L’histoire des précurseurs de l’ethnobotanique, la vie quotidienne du grand Jardin, le statut ambivalent de la nature dans la ville : un regard inédit et curieux, une ethnologie du proche et de l’intime, pour mieux comprendre le vivant, ses richesses et ses fragilités.
Extrait…
« Le radar ethnologique, et plus précisément ethnobotanique, ethnozoologique, ne cesse de tourner lorsqu’on exerce ce métier passionnant. Le décodage de l’environnement domestique (autrement dit, la lecture du paysage familier) devient une seconde nature. La tentation de m’y adonner était d’autant plus forte que mes lieux professionnels, le Muséum et son jardin, étaient en parfaite adéquation avec le domaine de recherche que j’avais choisi : les relations entre la nature et la société, la ville et le vivant, une ethnologie du proche et de l’intime. Il y aurait beaucoup à dire sur cette posture d’auto-analyse, d’investigation au cœur de sa propre institution et de ses lieux. Du point de vue de l’ethnologie pratiquée au Muséum, elle est quelque peu discordante au regard d’une tradition qui perdure, celle d’une prééminence des terrains exotiques. Mais, plus largement, dans le concert des disciplines, elle est partagée par nombre de chercheurs et elle s’inscrit dans une longue histoire. En rédigeant ces lignes, je réalise que Paul Jovet, le botaniste qui a reconnu en précurseur la valeur de la flore urbaine – et auquel deux textes sont dédiés dans ce volume − n’a pas procédé autrement. Il a considéré les plates-bandes, les cours et les arrière-cours, le jardin public et les espaces professionnels des laboratoires alentour, comme autant de territoires dignes d’intérêt pour un naturaliste, où il pouvait herboriser sans jamais se lasser. »
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